Au Cœur de Villaroy, Cyrine Bererhi, Baptiste Beveraggi, Noëmie Le Cam, Thomas Dulong et Hoan-Lam Lê

Au Cœur de Villaroy
Villaroy (78), France

Cyrine Bererhi
Baptiste Beveraggi
Noëmie Le Cam
Thomas Dulong
Hoan-Lam Lê

Licence 2 / Semestre 1

Enseignant(e/s) d’atelier :
Fabienne Bulle
Sébastien Chabbert

Faire une architecture, c’est faire la rencontre du passé et de la réalité sociale d’un territoire. De l’observation du hameau de Villaroy, situé dans le département des Yvelines, l’idée est apparue de rénover une vieille ferme comme un cœur de village voué à l’accueil de personnes souffrant d’handicaps mentaux, plus particulièrement d’autisme léger. Cette question de l’inclusion des personnes autistes dans l’architecture est devenue une véritable pédagogie tout au long de la conception d’un projet destiné à des usagers dont la perception du monde diffère des autres.

Le site a ainsi été travaillé à la manière d’un cadavre exquis, recréant le village de Villaroy, et dans lequel chaque architecture est différente et complémentaire des autres. Chacun des étudiants de l’équipe constituée a ainsi pu développer une fonction particulière du projet :

  • un restaurant, Baptiste Beveraggi
  • un atelier, Cyrine Bererhi
  • un jardin sensoriel, Hoan-Lam Lê
  • des logements, Thomas Dulong
  • une bergerie, Noëmie Le Cam

un restaurant
Baptiste Beveraggi

Ce bâtiment a 2 fonctions, la première est celle d’un restaurant situé au rez-de-chaussée, la seconde est celle d’une galerie d’art à l’étage. La volonté étant de favoriser un esprit de village dans le projet, une attention particulière a été portée à ce programme qui se veut être le lieu emblématique de la rencontre et du partage dans cette communauté. Le restaurant, qui accueille 40 à 50 couverts, est alimenté par un circuit court provenant du potager et de l’élevage d’animaux au sein même de la ferme.

A l’étage, la galerie d’art trouve idéalement sa place et sa disposition résulte de l’emplacement des ouvertures zénithales. Celles-ci génèrent un jeu de regard vers l’extérieur.

un atelier
Cyrine Bererhi

Les autistes ont généralement des centres d’intérêt dits "restreints" mais qui tendent à être très approfondis (comme s’ils y mettaient une obstination surnaturelle). La répétition et le caractère immuable d’une activité (ou d’un geste) peuvent être très appréciés (vertus apaisantes, notamment par rapport aux angoisses massives d’anéantissement propres à l’autisme).

Les activités mises en place dans cette partie du projet sont la création de pots de fleurs en tuiles récupérées et la culture de champignons. Il est ici essentiel de mentionner que les autistes n’ont pas le même rapport à la finalité que des névrosés. Les tâches proposées, qui sont censées procurer une forme de plaisir et qui se veulent utiles à l’autosuffisance du mini-village, sont le type d’activités auxquelles les autistes participeront volontiers. A la fois plaisants et utiles, il s’agit de travaux visant à conforter la cohabitation des différents usagers sur le site.

Les autistes démontrant une fascination largement repérée pour l’eau - l’eau courante - l’ensemble du système de récupération des eaux de pluie au sein de l’équipement est volontairement mis en évidence.

un jardin sensoriel
Hoan-Lam Lê

La rénovation du jardin existant de la ferme de Villaroy est vouée à favoriser le développement des sens des personnes autistes.

En proposant une réinterprétation contemporaine du jardin et de son ponton, le parcours proposé amène à traverser différentes ambiances dans lesquelles sont stimulés les sens de celui qui l’emprunte : paysage de garrigue, forêt d’herbes hautes, champs aromatiques, potager géométrique, et enfin, caché au cœur du jardin, un sanctuaire.

Le pavillon sanctuaire est l’élément clé du jardin permettant aux personnes autistes de pouvoir d’isoler. Les parois peuvent être modulées et ajustées à leur goût, permettant ainsi une expérience nouvelle de l’espace et de l’intimité. Les façades sont composées de modules en bois pivotant qui peuvent servir de barrières et rompre toute communication visuelle avec l’extérieur ; ou plutôt composer des points de vue sur l’extérieur qui est un lointain paysage d’observation. Ces modules sont aussi une manière pour chaque individu qui utilise le pavillon de laisser une trace éphémère de son passage, d’agencer l’espace comme il le souhaite pour lui et le prochain utilisateur. Le pavillon sanctuaire garde ainsi la mémoire du passage de celui qui s’y repose.

des logements
Thomas Dulong

Ces logements ont pour objectif de permettre aux jeunes adultes autistes et aux personnes qui ont besoin de se ressourcer de découvrir un environnement privilégié en pleine nature, au cœur du plateau de Saclay.

Le bâtiment choisit pour accueillir ce programme est la plus grande grange de la ferme, dans laquelle se trouvait initialement le silo à grain. L’hébergement pour les autistes implique un travail minutieux sur le choix des matières et textures présentes dans le bâtiment et les chambres : la pierre de taille et le bois pour la structure et les sols, jeux de couleurs selon la fonction de chaque pièce.

Le bâtiment est ouvert au niveau de la façade qui donne sur la cour de la ferme, avec un jardin couvert qui est aussi un espace de détente sous forme de cocon, mis à disposition des personnes en séjour à la ferme.

Enfin, est privilégiée dans ce bâtiment la lumière naturelle zénithale, présente toute au long de la journée de par l’exposition traversante du bâtiment est-ouest.

une bergerie
Noëmie Le Cam

Le choix de travailler sur l’insertion d’animaux (poules, lapins, chevaux,...) est essentiel pour la stimulation de la vie sociale dans le village. Les animaux répondent à la fois à des besoins alimentaires mais également de compagnie pour les personnes autistes.

Le plan d’eau, alimenté par les gouttières, a été étendu afin de permettre aux canards d’accéder aux passages menant jusqu’à leurs boxes.

Le bâtiment initial a été divisé en 2 parties : un espace dédié aux animaux et un espace de communication et de circulation pour les humains. Sur ce passage, la charpente et le béton préexistants sont conservés. Le gabion a été usé dans le but de ventiler les espaces avec une aération basse.

En extérieur, les volets du bâtiment confèrent un rythme et une identité à la façade très verticale. Côté nord, le toit est recouvert d’un film opaque laissant passer la lumière. Cette empreinte lumineuse permet la distinction des 2 bâtiments de l’extérieur et rythme le cycle de vie à l’intérieur en fonction du cycle solaire.

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