IA & Architecture, menace ou opportunité ?

Le débat continue

Mardi 7 octobre - 18H00
à l’École Spéciale
Table ronde

Dans le cadre de ses conférences publiques, l’École Spéciale d’Architecture propose :

Cycle de débats Controverses
IA & Architecture : menace ou opportunité ?


Depuis sa fondation, l’École Spéciale d’Architecture place les grands débats de société au cœur de la formation des architectes. Avec le cycle Controverses, l’ESA propose des tables rondes où les enjeux contemporains sont discutés sans détour, dans toute leur complexité et parfois leurs antagonismes.

Ces rencontres offrent aux étudiants l’occasion de développer des compétences essentielles : savoir identifier les faisceaux d’opinions et leurs acteurs, construire une argumentation, mobiliser la rhétorique appropriée et synthétiser un débat pour nourrir leur propre pratique. Les Controverses prolongent ainsi une pédagogie qui refuse l’entre-soi, en intégrant à l’enseignement les débats contradictoires qui traversent nos sociétés.

La première Controverse de l’automne 2025 posera une question brûlante :
L’intelligence artificielle transforme-t-elle la pratique architecturale ? Menace ou levier créatif ?

Pour en débattre, trois invités viendront confronter leurs points de vue :

Mardi 7 octobre 2025 – 18h00
Amphi Cinéma

École Spéciale d’Architecture
254 Boulevard Raspail – 75014 Paris

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Une réflexion prolongée par les étudiants

À la suite de cette controverse, les étudiants de Master de l’École Spéciale d’Architecture ont prolongé la réflexion à travers une série de textes analytiques autour des enjeux éthiques, pédagogiques, politiques et professionnels de l’intelligence artificielle.

Ces contributions, rédigées par :
Thomas André-Bazzana, Amaury Bayle, Alexandre Bouf, Charles Barbarot, Bomahi Audrey Gra Yohou, Charlotte Commeny, Néphélie Cuveillier, Elvina Denis, Laura Dhenin, Ali Guennoun, Guillaume Hiesse, Marie Luca, Kyle Levy-Valensi, Ioana Vanessa Panait, Raphaël Saad, Kahina Saibi, Ange Scotto, Emma Troistorff et El Hachmi Younsi, témoignent d’une approche plurielle et engagée des étudiants de l’ESA face à cette révolution technologique.

Animée par Antonella Tufano (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Pierre-Maxence Renoult (architecte-ingénieur, enseignant à l’ESA) et Rafael Bonet (architecte praticien et enseignant), cette table ronde a permis d’interroger la place de l’humain, du savoir et de la création dans l’ère de l’intelligence artificielle.

Découvrez ci-dessous les quatre articles issus de cette réflexion collective.

1. Intelligence artificielle : à qui la faute ?

L’intelligence artificielle fait désormais partie de notre quotidien : elle s’invite dans nos conversations, nos outils de travail, nos choix de consommation.
Mais derrière la fascination technologique se cachent des enjeux profondément politiques et sociaux.

Lors de la controverse, les invités ont rappelé que ces technologies ne sont jamais neutres. Comme l’a souligné Pierre-Maxence Renoult, “les technologies partisanes n’émergent pas par hasard, c’est voulu”.
L’IA peut déposséder l’humain de sa capacité à penser et à créer librement, en transformant la créativité en automatisme.

Les étudiants ont également évoqué les conséquences environnementales souvent négligées : selon une étude de l’université du Massachusetts Amherst, l’entraînement d’un grand modèle de langage émet autant de CO₂ que cinq voitures sur toute leur durée de vie.

Face à ces dérives, la responsabilité politique et éthique devient essentielle : comment créer sans aliéner ? comment innover sans épuiser ?

"Dans un monde saturé de contenus artificiels, l’éthique personnelle devient notre dernier repère."

2. IA & Architecture, menaces ou opportunités

L’IA bouleverse les modes de production dans l’architecture : certains y voient une chance de se recentrer sur la conception, d’autres une menace pour les jeunes professionnels.

Rafael Bonet défend une vision optimiste : comme le passage du dessin à main levée au dessin assisté par ordinateur, l’IA peut être un nouvel outil de création.
Mais Pierre-Maxence Renoult alerte sur le risque d’une “prolétarisation” du métier — une dépendance à des systèmes que l’on ne comprend plus.

La controverse a mis en évidence deux futurs possibles :

  • une architecture de luxe, produite par des humains et valorisant la lenteur,
  • et une architecture de masse, standardisée par la machine.

Derrière cette dualité se joue une question essentielle : quelle place reste-t-il à l’humain dans un monde où la production devient algorithmique ?

"Si l’intelligence artificielle libère le temps de certains architectes, elle pourrait aussi précariser les autres. Améliorer la vie d’une minorité ne doit pas se faire au détriment du collectif."

3. IA & Architecture - Menace ou opportunité ?

C’est par cette formule que les étudiants introduisent leur réflexion sur la relation paradoxale entre l’humain et la machine.

L’IA, rappellent-ils, ne crée pas : elle réutilise. Elle puise dans des millions d’œuvres existantes, souvent sans citer leurs auteurs, alimentant une logique de capitalisme cognitif.

La discussion a porté sur la “décharge cognitive”, concept évoqué par Pierre-Maxence Renoult : à force de déléguer nos tâches mentales à la machine, risquons-nous de devenir des “humains prothésés” ?
Les étudiants invitent à la vigilance :

"Ne pas devenir des architectes analphabètes, c’est à notre portée. Cela relève de la capacité de chacun à remettre en question les réponses données et la pertinence des questions posées."

4. L’intelligence artificielle et la pédagogie

L’arrivée de l’IA transforme la manière d’apprendre, dès le plus jeune âge.
Les étudiants soulignent le danger d’une perte de curiosité et de pensée critique face à des outils capables de “faire à notre place”.
Ils interrogent : le gain de temps est-il réellement un progrès, si nous perdons notre désir d’apprendre ?

À travers leurs analyses, ils insistent sur le rôle fondamental de la pédagogie :

  • Sensibiliser les nouvelles générations à l’usage conscient de l’IA.
  • Maintenir la capacité à douter, expérimenter et se tromper.
  • Préserver la lenteur et la complexité du raisonnement.

“L’IA ne doit pas être un frein, mais un miroir : celui de notre rapport à la connaissance et à la création.”

Vers une pensée critique de l’IA

Cette controverse, portée par les étudiants de l’ESA, illustre la richesse du débat entre éthique, innovation et pédagogie. Au-delà des réponses techniques, elle rappelle que penser l’intelligence artificielle, c’est avant tout repenser notre humanité.